Dubaï, une ville qui ne ressemble à aucune autre. Tout la destinait à vivre anonymement sous l’autorité de grands pays, et pourtant, elle a conquis son indépendance en profitant de chaque opportunité. Comment Dubaï est passée de village de modestes pêcheurs à capitale grandiose aux hôtels de luxe en à peine 200 ans ? Revenons sur 7 événements de la chronologie dubaïote qui ont façonné l’identité de l’émirat.

Au programme :

22 décembre 1819 – l’attaque historique du fort de Dhayah

Fort d'Hayah

La chute du fort de Dhayah dans l’émirat de Ras Al Khaïmah, en 1819, aura modifié le rapport de force des tribus du golfe arabe. Les Qawasim des puissants émirats de Sharjah et Ras Al Khaïmah perdront leur influence sur ce qu’on appelait alors la côte des pirates. Les Bani Yas d’Abou Dhabi pourront prospérer. Et il se trouve qu’à cette époque, Dubaï dépend justement d’Abou Dhabi.

L’attaque du fort sera le point d’orgue d’une opération anglaise dont le but est de mettre fin à la piraterie dans la mer d’Arabie. Officiellement, les Britanniques ont franchi le détroit d’Ormuz pour protéger leurs navires qui reviennent d’Inde chargés d’épices. Il se trouve que, par hasard, les Qawasim ruinés étaient aussi des concurrents commerciaux de l’East India Company.

Le General Maritime Treaty signé le 8 janvier 1820 entre les pays du golfe Persique et l’Angleterre garantira les intérêts commerciaux de l’Angleterre, mais aussi la protection des émirats. Dubaï intégrera même l’empire colonial Britannique lorsqu’un nouveau traité conférera aux États de la Trêve, le statut de protectorat en 1892.

Son alliance avec l’Angleterre permettra à Dubaï de s’ouvrir sur l’occident et le Raj Britannique, mais aussi de négocier avec les grands pays arabes du golfe. Dubaï sera dès lors présent sur la scène internationale.

1833 – l’assassinat du Cheikh Tanum

En 1833, 800 Bédouins de la tribu Bani Yas, conduits notamment par Maktoum Bin Buti, s’installent dans le village de la crique de Dubaï. Ils ont parcouru les dunes de sable blanc, à dos de chameau, pour quitter Abou Dabi.

Maktoum bin Buti cherche à échapper au désordre qui règne chez les Bani Yas. Une série de complots dans le désert d’Abu Dhabi ont conduit à l’assassinat du Cheik Tahnun bin Shakhbut Al Nahyan par ses frères. Dès lors, les querelles de pouvoirs, les assassinats et les exils se multiplient. La crique offre des perspectives plus sûres.

En posant le pied dans le sable dubaïote, Maktoum proclame l’indépendance de l’émirat et la monarchie héréditaire de Dubaï. Les Anglais reconnaissent l’autorité de Maktoum et de son régime, qui stabilisent la politique de l’émirat.

Maktoum bin Buti devient le premier émir de l’histoire dubaïote. La dynastie Al Maktoum règne encore sur Dubaï aujourd’hui.

7 avril 1894 – arrivée au pouvoir de Cheikh Maktoum bin Hasher Al Maktoum

Cheikh Maktoum ancien dirigeant de Dubaï

Alors qu’il devient souverain, Maktoum Bin Hasher comprend la nécessité d’augmenter le nombre de travailleurs pour accroître l’activité commerciale de Dubaï. Il supprime les taxes à l’import et l’export depuis le port de Dubaï. Il garantit la protection et la tolérance pour les commerçants expatriés.

À la même période, les anglais s’assurent que seuls les pays du golfe arabe puissent pêcher les perles garantissant ainsi leur monopole.

À partir de ce moment-là, les commerçants viennent de pays variés, notamment des Indes, de l’Iran ou des émirats voisins profiter des conditions avantageuses qui leur sont offertes. Les souks s’agrandissent et proposent des marchandises plus variées. L’Indien devient une langue souvent parlée aux émirats. Ce sera l’origine de l’identité cosmopolite émirienne.

La fréquentation du port de Dubaï explose et l’émirat devient le centre de commerce international que nous connaissons. De nos jours, les zones franches de taxes de Dubaï et la capacité de son port à recevoir les plus gros porte-conteneurs sont plus que jamais un levier important de sa croissance économique.

24 octobre 1929 – la fin de la culture de la perle

Culture de la perle

Le jeudi noir a changé les choses pour quasiment tous les pays du monde. La crise de 1929 n’épargne pas Dubaï. À cette époque, l’émirat ne vit quasiment que du commerce de la perle. Et les perles ne seront plus la priorité pour plusieurs années.

Alors que le monde commencera à se remettre de la crise, l’arrivée de perles de culture japonaises bon marché signera la fin du commerce de la perle de Dubaï. Une page se tourne dans l’histoire de l’émirat.

Si Dubaï est devenue la plaque tournante du commerce oriental, son organisation sociale est encore fragile. Les quelques écoles fermeront. Le pays connaîtra des années de famine et d’émigration.

En s’appuyant sur son activité d’importation-exportation, l’émirat se relèvera plus fort que jamais, mais devra, encore comme le reste du monde, faire face à l’explosion de la bulle internet qui ralentira ses projets technologiques en 2000 ainsi qu’à la crise des subprimes qui mettra un coup d’arrêt à la construction du Dubaï World ou aux Palm Islands de Jebel en 2008.

19 novembre 1959 – l’architecte John Harris atterrit à Dubaï

Architecte John Harris

Les Anglais recommandent au Cheik d’embaucher l’architecte britannique John Harris pour dessiner les plans de la future ville de Dubaï. Ils ne désespèrent pas de trouver du pétrole à Dubaï et les travaux de l’architecte doivent faciliter l’exploitation future.

C’est ainsi qu’en 1959, Harris atterrit à l’aéroport d’Al Ghusais, en plein désert, sur une piste en sable. Dès lors, il consacre son séjour à Dubaï à explorer les rues de la vieille ville. Moderniser Dubaï, oui, mais elle doit garder son identité et ses racines. De cette philosophie, naîtra la relation de confiance entre le Cheik et Harris.

L’arrivée de Harris à Dubaï aura marqué le point de départ d’une série de développements historiques autour de Dubaï Creek :

Dans ses mémoires, Harris racontera comment, sur le point de rentrer en Angleterre, en 1970, il devra abandonner ses bagages dans l’avion et séjourner un peu plus au palais. Le Cheikh veut lui proposer un nouveau projet, maintenant : il s’agit du Dubaï World Trade Center. Le premier gratte-ciel de l’histoire de Dubaï est né.

1966 – découverte de gisement pétrolier offshore

Site de récolte de pétrole à Dubaï

En 1966, on présente un pot de confiture au Cheik, au coucher de soleil. À l’intérieur, une huile d’un noir épais : on a découvert du pétrole à Dubaï. On supposait son existence depuis près de 44 ans.

Le gisement pétrolifère offshore est situé à 60 km au large des côtes émiraties. On le nomme Fateh, le conquérant, peut-être pour symboliser avec quel état d’esprit l’émirat entre dans les pétromonarchies du golfe.

L’entrée de Dubaï dans l’ère pétrolière s’accompagne d’une innovation technologique : la submersion du premier réservoir sous-marin de pétrole. Ce réservoir permettra aux bateaux de faire le plein de pétrole en mer, sans avoir à accoster.

La livraison des premiers barils en 1969, suivie de l’envolée des prix du pétrole quelques années plus tard, permet un développement émirati historique.

Mais l’émir pense aux suites de cette découverte, il est bien conscient que les réserves pourraient être épuisées avant 2040. L’argent issu du forage sert alors à développer des infrastructures futuristes et le tourisme de luxe. Le palmier des îles artificielles de Palm Jumeirah, port Rashid, Burj Khalifa, la plus haute tour du monde ou, plus récemment, la Corniche et le luxueux Dubaï Frame sont parmi les plus gros projets ayant pu être imaginés grâce au pétrole. Ils deviendront autant d’attractions destinées à doper le PIB de l’émirat.

1971 – la formation des émirats

fondation eau

Les Anglais annoncent leur volonté de retirer leur protection à la péninsule arabique en 1968, suite à des difficultés budgétaires.

La stabilité du moyen orient est une condition sine qua non pour permettre le développement social des émirats. Les États du golfe doivent s’unir dans un état fédéral suffisamment fort pour entretenir des relations diplomatiques sérieuses avec le reste du monde et écarter les convoitises saoudiennes, iraniennes et yéménites.

Les pays concernés n’ont pas les mêmes richesses ni la même superficie et s’accorder sur le financement de la fédération et le partage du pouvoir devient compliqué. Au même moment, l’Iran renonce à ses revendications sur Bahreïn et le sultanat d’Oman apporte sa protection aux émirats contre les revendications du Yémen. Le sentiment de danger s’estompe dans les oasis. Les discussions ralentissent. L’alliance ressemble de plus en plus à un mirage.

Abou Dhabi, Ajman, Dubaï, Charjah, Fujaïrah, Oumm Al Qaïwaïn s’unissent et commencent à écrire l’histoire des Émirats arabes unis. Le Qatar, Bahreïn restent indépendants. Ras Al Khaïmah rejoint rapidement les EAU suite à l’annexion de certaines îles par les Iraniens.

Plus tard, Bahreïn, le Qatar, l’Arabie saoudite, Oman et le Koweït, les alliés du Golfe, forment le conseil de coopération du golfe pour renforcer encore leur protection mutuelle.

L’avenir de Dubaï

Dans son histoire, Dubaï a su se développer grâce à la capacité d’anticipation des cheikh Al Maktoum successifs. Aujourd’hui, le besoin incessant de pétrole pousse les pays les plus puissants à travailler leur relation avec les émirats. Mais le pétrole reste une ressource éphémère et Dubaï mise sur sa capacité à influencer l’économie mondiale pour garantir son indépendance. Ses zones franches, son paradis fiscal et l’association de riches investisseurs à ses constructions sont autant de garants de ses immenses potentiels. Si cet article vous à plus, n’hésitez pas consulter mon guide complet pour Dubaï.

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