À Dubaï, le Burj Khalifa défie toutes les conventions. Il n’aurait jamais dû mesurer 828 mètres de haut. Son poids aurait dû rester bien inférieur à 500 000 tonnes. L’édifice aurait dû porter un autre nom et avoir une forme différente. Mais surtout, le Burj Khalifa n’était pas construit pour être la plus haute tour du monde. Retraçons les faits improbables qui ont fait du Burj Khalifa la construction la plus vertigineuse que l’humanité n’ait jamais bâtie.
Une construction commencée avant que les plans ne soient terminés
Alors que l’architecte, Adrian Smith, se penche encore sur les croquis du Burj Dubaï, en 2004, personne ne sait vraiment mettre un prix sur le nouveau building de l’émirat. Emaar, le promoteur, n’a qu’une certitude : le gratte-ciel coûte cher, très cher.
Pour rentabiliser le projet au plus vite, la société immobilière décide de commencer la construction immédiatement. Les plans ne sont pourtant pas terminés.
Lorsqu’ils creusent les fondations, les ouvriers ne se doutent pas du chantier pharaonique dans lequel ils sont impliqués. Ils pensent préparer le terrain pour un ouvrage de 518 mètres. On leur demande simplement de construire le plus haut building de la péninsule arabique, mais certainement pas de battre le record de la Tapei 101 taiwanaise, plus haute tour du monde à l’époque.
Un nom imprévu
Alors que l’immeuble s’élève progressivement plus haut dans le ciel, Emaar demande aux travailleurs de monter à 725 mètres, puis 800. Le chantier coûte de plus en plus cher.
En pleine crise de 2008, il devient difficile de continuer de trouver l’argent pour financer les travaux. Il faudra aller à Abu Dhabi, chercher l’émir également président des Émirats arabes unis, le cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyane, pour sauver le building en lui proposant de subventionner le projet.
Lors de son inauguration, en 2010, le Burj Khalifa culmine à 828 mètres, soit trois fois la tour Eiffel. Il s’élève à plus de 300 mètres au-dessus de Taipei 101. Son coût définitif se monte à 1,5 milliard de dollars. La tour abandonne, alors le nom de Burj Dubaï pour prendre celui de l’émir qui l’a secourue : Khalifa.
Burj Khalifa s’enfonce dans le sol
Le sol friable du désert dubaïote ne permet théoriquement pas de supporter une structure comme le Burj Khalifa. Pour s’assurer que le building de 500 000 tonnes ne bascule pas à l’instar de la tour de Pise, les ouvriers utilisent une technique de stabilisation empruntée au Burj Al Arab.
La tour s’appuie sur 192 colonnes de 1,5 mètre de large, fichées à 43 mètres de profondeur. Ce n’est donc pas la dureté du terrain qui soutient l’édifice, mais le frottement entre les pieux et le sol. C’est encore la même technique qui constitue les fondations d’autres bâtiments comme la Dubaï Creek Tower.
Malgré toutes ces précautions, les ingénieurs calculent que l’immeuble s’enfoncera de 7,5 cm dans le sable à la fin de sa construction.
24 348 vitres
Pour ne pas s’écrouler malgré sa hauteur colossale, la tour doit avoir une grande emprise au sol. La lumière ne rentre plus au cœur du large building. Habiter à une telle altitude sans pouvoir profiter de la vue et de l’éclairage naturel, voilà qui gâche un peu le plaisir.
Avec les ingénieurs, Smith imagine alors la structure dite « de noyau renforcé ». Une colonne centrale relativement fine et des ailes plus petites disposées en Y donnent ainsi sa forme caractéristique au Burj Khalifa. De cette manière, on maximise l’envergure du building tout en amenant des fenêtres au cœur de la tour.
Finalement, il faudra 24 348 panneaux vitrés pour refermer la façade. Pour limiter la température dans l’immeuble, les vitrages réfléchissent les ultraviolets et les infrarouges. Leur coût est estimé à 48 millions d’euros.
Un béton refroidi avec des glaçons
Le sommet de l’immeuble pourrait s’écraser au sol si le béton venait à se fissurer. Pour éviter qu’une telle catastrophe ne se produise, les ingénieurs ont imaginé un mélange capable de supporter des charges colossales.
De plus, le nouveau ciment reste suffisamment liquide le temps d’arriver en haut de la tour puis prend rapidement pour permettre de poursuivre avec les étages suivants.
Mais un risque majeur survient l’été. Sous l’effet de la chaleur, la prise du béton s’accélère. Il commence à durcir avant d’être mis en place et perd sa résistance. Dès lors, la maçonnerie sera travaillée uniquement la nuit et des glaçons seront versés dedans pour diminuer sa température et retarder la prise.
Des coffrages autogrimpants et le ciment spécial permettent aux ouvriers de monter jusqu’à 1 étage en 3 jours. La même technique sera utilisée pour la construction du Dubaï Frame, le building dédié à la mémoire de Dubaï.
Des gratte-ciels qui se balancent dans le vent
Face aux vents déchaînés, d’autres buildings de grande hauteur se sont mis à osciller dangereusement à travers le monde. Alors que certains se fissurent, d’autres donnent le mal de mer à leurs occupants.
La plupart des gratte-ciels évitent ces déconvenues grâce à un amortisseur de masse. Des sphères de plusieurs tonnes sont suspendues à l’intérieur des édifices et se balancent dans un mouvement opposé à l’immeuble. Mais aucun dispositif de ce type n’équipe le Burj Khalifa.
Pour sécuriser le building, l’ingénieur éolien suggère à Adrian Smith de le dessiner de façon à ce qu’il ait une forme différente à chaque niveau. De cette manière, aucun vent n’a la direction ou la force pour faire bouger tous les étages simultanément. Le haut de la tour se déplace seulement de 2 mètres avec les bourrasques. Le même principe protège la Kingdom Tower en Arabie Saoudite.
Des touristes qui s’envolent des balcons
Toutes les précautions n’empêchent pas le vent de souffler parfois à 240 kilomètres par heure. Les essais en soufflerie montrent qu’à partir de 210 km/h, il n’est plus possible de marcher et que les promeneurs pourraient être éjectés des balcons. La visite du building procure un vertige qu’on ne trouve pas lors d’un vol en montgolfière.
Afin que le vent ne puisse emporter les gens hors du Burj Khalifa, les architectes imaginent des protections. Ils font installer des panneaux vitrés de grande hauteur autour des terrasses pour empêcher les courants d’air de balayer le sol. Les toits des balcons reçoivent des treillis qui arrêtent les courants d’air descendants. Les portes sont contrôlées électroniquement pour empêcher leur ouverture de l’intérieur et avertir les personnes du danger dès que le vent atteint des vitesses dangereuses.
Des prestations inimitables
L’essentiel des 310 000 mètres carrés du gratte-ciel est constitué d’espaces résidentiels, de bureaux et de commerces de luxe. Mais le lieu réserve quelques surprises pour les visiteurs.
L’At’mosphere vous accueille dans le restaurant le plus haut de la planète, à 442 mètres au-dessus du désert. Son design moderne et épuré vous invite à dîner ou à prendre un petit déjeuner avec vue sur le golfe persique. Son luxueux lounge vous propose de vous restaurer à toute heure dans une ambiance plus décontractée ou simplement de profiter d’un verre depuis le 122e étage.
La tour est renommée pour héberger les chambres et suites d’un des meilleurs hôtels de luxe : l’hôtel Armani. L’établissement, dessiné par Giorgio Armani lui-même, occupe 11 niveaux du Burj Khalifa. Il offre bien entendu des espaces finement décorés, mais aussi 7 restaurants gastronomiques et un spa.
Burj Khalifa, une vue de rêve
Le Burj Khalifa surplombe le golf Persique et le quartier d’affaires de Downtown Dubaï qui s’étend à ses pieds. La tour est également célèbre pour être entourée des fontaines de Dubaï. Longues de 275 mètres, elles projettent l’eau à plus de 150 mètres de hauteur dans un spectacle mêlant effet lumineux et musiques traditionnelles du monde entier.
Un pass VIP donne accès au 148e étage. Mais avant de profiter de la vue, un lounge accueille les visiteurs aux rez-de-chaussée et leur propose un rafraîchissement ainsi que des dattes. Uniquement 30 personnes peuvent accéder simultanément à la plateforme d’observation la plus haute de la péninsule arabique. Pour visiter le plus haut gratte-ciel du monde, réservez vos billets au Burj Khalifa et bénéficiez de tarifs avantageux. Vous êtes seul dans l’ascenseur et l’atmosphère est calme et sereine lorsque vous admirez enfin le paysage.